À la petite fille au sable doux

Je te revois, les jambes nues, écartées, ta jupe remontée pour ne pas la salir quand ta petite culotte blanche, à même le sol, marquait déjà ses plis d’une légère poussière. Tu frottes frénétiquement la paume de tes mains et la pulpe de tes doigts pour extraire du sol cette poudre tantôt grise, tantôt blanche,…

White people, we have work to do

Ouvre les yeux.Tu as un ami noir depuis toujours.Ton beau-frère est la caution diversité des repas de famille.Tu n’es pas raciste, tu ne vois pas les couleurs, on est tous nés sous le même ciel, on est tous humain, le même sang coule dans nos veines. Ouvre les yeux.Tout ça ne suffit pas.Être tolérant ne…

A mon frère jumeau

Il y a quelques années, j’ai rêvé de toi. Ted. Mon frère, le plus adorable des humains, aussi grand que maman et aussi humain que papa. Je t’invitais enfin à la maison, dans cet appartement que tu n’as jamais vu, pour te présenter mes deux bébés poilus. Je t’assurais que tu allais les adorer, tu…

À ma mère

C’est délicat de m’adresser à toi. Ça l’a toujours été. On ne s’est jamais comprises; toi par manque de mots, moi par leur abondance. Ou est-ce simplement le résultat d’une paresse mutuelle, d’un désintérêt flagrant l’une pour l’autre, d’un manque de sentiments ? Je crois qu’on ne le saura jamais vraiment. Du moins, on ne…

À mes enfants

Je vous regarde vous lover contre votre père, le couvrir de baisers et lui demander de chanter pour vous, d’empoigner sa guitare et vous hypnotiser avec ses harmonies. Je crois que je suis un peu jalouse, au fond, de ses dons musicaux qui me font tant défaut. Moi, tout ce que j’ai, ce sont les…

À mon étoile

Je sens ton regard sur moi le matin, alors que tu t’habilles dans le noir pour ne surtout pas me réveiller. Ce regard mêlant amour infini et jalousie intense, quand tu luttes contre le froid et que je laisse les couvertures resserrer leur étreinte. Je ne dors jamais lorsque tu claques la porte après ton…

Rat des villes

  Je n’aurais jamais cru dire ça un jour. Moi, la petite fille de la campagne, celle qui récoltait des tiques en pagaille à force de jouer à cache-cache dans les champs de blé ou de bambou, et de barboter dans les marécages derrière la maison ; je crois que j’aime la ville. Non. Pas…

A Delphine De Vigan

Delphine, Je ne sais pas bien ce qui me prend, à m’emparer de mon clavier d’ordinateur avec la volonté de vous faire part de ce raz-de-marée, ce tourbillon d’émotions qu’a été pour moi votre roman Rien ne s’oppose à la nuit, je sais seulement que j’ai toute la peine du monde à le contenir. À…